Accueil > Les précédentes éditions > Festival 2010 > Présentation du festival par Josiane Guéguen
Le Festival Ici & Ailleurs vous donne rendez-vous sur le port de Brest du 4 au 6 juin 2010 !
Cette foisonnante rencontre gomme les frontières entre les continents, les genres, les univers. Car le réel se laisse explorer de tout bord. Au port de commerce, en ville, la manifestation rassemble : salon du livre, expositions, films, carnets sonores, spectacles vivants, tables rondes, ateliers… Plus de 100 artistes, auteurs, journalistes, illustrateurs, photographes, réalisateurs, sculpteurs, musiciens, performers, bloggers, venus de Berlin, du Liban, de Bretagne… de partout confronteront leurs pratiques, échangeront avec les visiteurs. Organisé par l’association ENKI, ce festival a aujourd’hui un rayonnement national.
Partir. Par nécessité. A l’aventure. Chercher l’herbe plus drue, l’eau moins saumâtre, l’ombre plus épaisse, le vent moins âpre, la vie un peu plus douce : tel a toujours été le destin des nomades.
Les sédentaires ont pris le pouvoir sur la Terre mais il reste encore dans leurs gènes – et certains s’en souviennent – ce besoin de semer des songes là où ils passent, cette envie d’aller récolter le quotidien et les rêves des hommes d’ailleurs.
Ces nouveaux nomades parcourent les routes par choix, par hasard, par obligation. Comme des fantômes, certains itinérants se laissent porter de chambres d’hôtel impersonnelles en usines presque automatisées, le long d’autoroutes qui se ressemblent. D’autres s’en vont partager la vie des peuples, se glisser auprès des migrants dans les pirogues, passer l’aspirateur dans les cabines de voyageurs d’occasion. Ils s’enfoncent dans des mondes reclus, entre deux guerres, entre deux murs. Journalistes, écrivains, marcheurs, errants volontaires… iIs se laissent envahir par le flux et le reflux du monde pour mieux le raconter, transmettre leurs enthousiasmes ou leurs révoltes.
Artistes, peintres ou carnettistes, vidéastes, se laissent attirer vers des lieux, vers des villes dont le nom, la situation géographique ou l’époque symbolisent la possibilité de déployer son imaginaire dans un espace nouveau.
Telle est Berlin, ville tourmentée par son histoire, enfermée dans des murs qui, en implosant, ont fait jaillir d’excitants éclats de liberté. Catherine Ricoul a répondu à l’appel de Berlin et vient à Brest avec une dizaine d’artistes rencontrés dans cette New-York européenne où tout semble possible. « J’y croise de jeunes et moins jeunes artistes, des Berlinois bien sûr, mais aussi des Français (en pagaille), des Espagnols, des Ukrainiens, des Canadiens, des Australiens. Comme moi, ils sentent le pouls créateur de la ville entrer en résonance avec leur propre énergie et leur désir de créer. »
Les murs de Beyrouth, eux aussi, portent la marque des troubles et des guerres. A défaut de pouvoir rebâtir les immeubles déchiquetés par les roquettes et les bombes, ses jeunes artistes la reconstruisent du bout de leur crayon, la filment avec ses cicatrices, pour que la vie gagne à tous les coups.
Le festival Ici & Ailleurs de Brest, c’est le rendez-vous de ce bouillonnement. C’est le carrefour, pour trois jours, des chemins où se croisent les hommes, les images et les mots. C’est une pause dans la quête des artistes qui tentent, sous de multiples formes, de capter l’âme du monde. C’est une rencontre avec le public pour que l’esprit du voyage continue à flotter au « bout du monde ».
L’embarquement se fait à Brest, en juin, sur les quais.
Josiane Gueguen