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Vivi Navarro

Festival 2015

Le travail présenté au Festival 2015 par Vivi Navarro est le fruit d’embarquements multiples et d’errance dans les grands ports de commerce, son terrain de jeux depuis déjà très longtemps.

"Porte-conteneurs Marco Polo et Jules Verne, 16 000 boîtes chacun, prendre la mesure de la démesure ! Géants des mers, remorqueur d’assistance puissant, une abeille comme un gros bourdon, marine marchande ultra-moderne ou coques métalliques usées, silhouettes portuaires au graphisme magique, fragments, comme des maillons ou des ancres qui pissent la rouille, de la vraie ferraille oxydée sur mes toiles..."

Vivi Navarro a comme un zoom à la place d’un troisième œil qui force ces détails.

Alors, tout est matière à étude. Mais pour ça, il faut qu’elle sente le goût unique de l’eau salée dans les sujets qu’elle traite avec passion et amour. Au fond, tout cela n’est qu’un prétexte pour parler des marins auquel son travail est définitivement dédié. Pour elle, il y a "les vivants, les morts, et ceux qui vont sur la mer."


Festival 2013

La femme qui murmure à l’oreille des marins

« J’avais appareillé de Brest à bord du remorqueur de haute mer… nous étions au 5e bassin sur le quai et sous un crachin breton qui fait de Brest sa réputation de Métropole Océane… » extrait du carnet Mes Tonnerres de Brest.

Portuaire et piquée par la Mer, ses vaisseaux, ses équipages, je vis le bord, et je vis à bord mon métier de peintre/carnettiste. Travailler embarquée, c’est aller à la dérive dans les coursives et les ponts, laisser le sujet me choisir. Phase carnet, rythme soutenu, habitudes bousculées. C’est aussi me couper du monde des terriens, rencontrer les marins, ils me parlent de rivages lointains, ou ils se taisent. Partage, respect, complicité silencieuse. Suivra la phase atelier dans le retrait quand je mets sac à terre : le gros oeuvre, les toiles. Je présenterai au festival Ici&Ailleurs carnets et toiles entièrement dédiés : Mes tonnerres de Brest et Embarquement à bord du cap-hornier Kruzenshtern. Je garde un cap, celui d’obéir à mes intuitions. »

Festival 2010

« Ceux qui errent ne sont pas toujours perdus » Tolkien.

Ma fille a écrit cette phrase sur une grande feuille et l’a punaisée sur la cloison en voliges brossées vulgairement de blanc de mon atelier. La jolie et appliquée calligraphie enfantine trône depuis des années, statique, intra muros au milieu de cimaises que je renouvelle rarement.

Pendant ce temps c’est facile de dire « je suis une nomade, une vagabonde ».

Alors c’est plus fort que tout, rien n’est plus jouissif que de boucler le sac, être en partance. La préparation minutieuse des outils et du carnet passe en priorité, les fringues au dernier moment, toujours les mêmes : treillis, saharienne et chèche. C’est parti, on se met en danger, les outils en nombre réduit obligent à la créativité. Finis le confort et l’abondance.

Pendant ce temps c’est facile de dire « je suis une nomade, une vagabonde ».

Non, pas si simple, mais viscéral : il faut travailler, s’assoir n’importe où et ouvrir l’objet sacré : le carnet nomade. Travailler debout contre un mur, ou assis sur ses talons. Le carnet nomade se déplace, n’a plus ses repères intra muros, oublie ceux qui errent et qui ne se perdent pas, le carnet s’adapte, s’égare dans le partage qu’il sous-tend. Voilà une des plus belles composantes du nomadisme, le partage ! La rencontre, l’humain. Mais j’aime tout dans le nomadisme, la nouveauté des lieux, des gens, la peur de cette nouveauté, peur constructive. La découverte n’est que pur bonheur ! J’aime les premières fois.

J’aime plus que tout le nomadisme, être en mouvement. Tesson a raison, quand on avance on ralentit le temps. Dans ce mouvement intrinsèque au nomadisme, c’est l’idée d’errance que j’aime, s’égarer, déambuler, contempler, le sujet s’impose alors tout seul sans forcer.

Etre nomade, artiste nomade, c’est redéfinir sans cesse son espace vital et créatif, se trouver de nouveaux repères, sécurité éphémère on le sait bien, c’est pour cela que l’on apprécie démesurément le moindre détail, car on le sait perdu le jour d’après. On est toujours en éveil total. Le carnet dans le désert, c’est marcher longtemps et lentement, travailler sur les temps de repos au lieu de se reposer, déposer le soir son duvet à même le sol, terminer une page à la lueur de la frontale, tenter le lendemain matin très tôt la première du jour pendant que les chameliers désentravent les bêtes, se mettre en danger de tout rater aussi. C’est le jeu. Le carnet en plein océan, mon désert bleu, c’est l’univers des coursives, des ponts, des tempêtes, de la magique table à cartes, se repérer comme au désert. C’est aussi ce mal que la mer impose à nos corps pas encore amarinés. Le carnet en plein océan c’est être au plus prés des équipages sans pudeur mais sans les déranger, un tour de force parfois. Mais le carnet nomade est un magnifique passeport vers la relation humaine, alors les loups de mer les plus taiseux se révèlent.

Le carnet nomade demande de l’humilité car l’on s’y met en danger, comme le désert et la mer au fond !

http://vivi.navarro.free.fr/

Voir en ligne : www.embarquements-vivinavarro.com

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